Comment renforcer l’autonomie des salariés ?

22 janvier 2020

Comment renforcer l’autonomie des salariés ?Thierry Weil, professeur à MINES ParisTech, et Anne-Sophie Dubey, doctorante, ont identifié des points de vigilance pour les dirigeants qui souhaitent lancer une démarche de montée en autonomie de leurs salariés.

Des entreprises toujours plus nombreuses souhaitent aujourd’hui favoriser la montée en autonomie et la participation des salariés. En effet, ces derniers aspirent à plus d’autonomie qu’ils n’en trouvent dans la plupart des entreprises dans lesquelles ils travaillent. Pire, la situation – déjà moins bonne en France que dans les pays voisins – se détériore, comme nous l’avons montré dans un article récemment publié dans de The Conversation.

En effet, « changer l’état d’esprit » est loin d’être un long fleuve tranquille et la littérature sur les nouvelles formes d’organisation, et notamment sur les « entreprises libérées », accorde une attention très limitée au « comment faire ? » : comment introduire et pérenniser l’autonomie ? Quelles sont les difficultés rencontrées et comment les surmonter ? Comment s’adapter au contexte et à l’histoire spécifiques de chaque organisation ?

Pour apporter des éléments de réponse à ces questions, la Chaire Futurs de l’industrie et du travail de Mines ParisTech a mené une enquête approfondie dans une dizaine d’organisations très diverses (entreprises familiales, filiales de groupes, coopératives, administrations, etc.).

Nous avons analysé la multiplicité des pratiques pour identifier quelques points de vigilance pour les dirigeants qui souhaitent lancer une démarche de montée en autonomie de leurs collaborateurs.

Le voyage plus important que la destination

Nos observations nous conduisent d’abord à affirmer que la montée en autonomie nécessite une préparation et une organisation. Il n’y a pas d’auto-organisation spontanée qui découlerait de quelques conditions simples, telles que le « lâcher prise » du dirigeant, l’écoute des salariés ou le partage actif de la vision du dirigeant avec les collaborateurs, bien que ces points aient évidemment toute leur importance.

Dans tous les cas, la transformation des modes de fonctionnement nécessite une très forte mobilisation et un accompagnement intensif. Difficile de planifier la transformation en détail, car l’objectif peut être en partie indéterminé et de nombreuses difficultés apparaîtront chemin faisant. Le processus pour atteindre cet horizon flou doit tolérer la turbulence, le tâtonnement, l’itération, et le temps nécessaire à l’appropriation du changement.

Un consultant intervenu au cours de la transformation de Lippi – entreprise familiale d’environ 180 salariés, spécialisée dans les clôtures – raconte ainsi que les dirigeants « ne pouvaient pas prédire ce qui allait se passer, car eux-mêmes ne savaient pas où ils allaient », même si Frédéric Lippi, le PDG, souligne qu’il était confiant dans le fait que des choses intéressantes allaient émerger. Le voyage est, en quelque sorte, plus important que la destination. On pourrait même aller jusqu’à dire que c’est le type de voyage qui crée la destination. C’est pourquoi l’utilité des modèles « clés en main » se révèle souvent assez limitée.

Expliciter les règles

Les champs de l’autonomie concernent en effet le plus souvent la manière de réaliser la tâche, mais aussi et surtout la construction de l’environnement organisationnel (les règles du « comment »). Dans l’écrasante majorité des cas que nous avons étudiés – à l’exception des SCOP –, l’autonomie et la participation ne portent ni sur le « quoi » (objectifs et stratégie de l’entreprise), ni sur la gouvernance, ni sur la personne du dirigeant.

Le « pourquoi » (valeurs ou raison d’être de l’entreprise) est en revanche de plus en plus ouvert à la concertation. Mais cet exercice, apprécié des salariés soucieux du sens de leur travail, n’a pas toujours de conséquences directes sur les conditions d’exercice de celui-ci.

Les attributs de l’autonomie relèvent du pouvoir de décider sans demander la permission, pour autant que les valeurs et les règles qui gouvernent l’entreprise aient été correctement intégrées par les collaborateurs. Le livret d’accueil d’une des filiales de Fabernovel, entreprise internationale de création de produits et de services numériques, indique par exemple : « chaque membre est libre d’accomplir ses missions comme il le souhaite dans le respect de nos valeurs ».

Le salarié sera donc d’autant plus autonome que ces règles et valeurs auront été explicitées, et celles-ci seront d’autant mieux acceptées qu’il aura contribué à les construire (droit de participer à la construction de la prescription). Comme le précise un salarié de Lippi : « on est libre de faire à notre manière, mais pas de faire ce qu’on veut ».

Chacun dispose donc d’un domaine de décision et d’initiative, limité par l’impact que ses décisions peuvent avoir sur le travail des autres et sur l’efficacité de l’organisation (primat du collectif sur l’individu) – limites qui se révèlent cependant assez floues.

Tâtonnements

L’expression « droit à l’erreur », souvent utilisée, suppose surtout la construction d’un environnement bienveillant dans lequel les conséquences éventuellement fâcheuses d’une initiative (« droit à l’initiative ») ne seront pas sanctionnées, sous peine de voir les salariés s’autocensurer.

Une salariée de Lippi se souvient, par exemple, d’une gestionnaire de la flotte téléphonie « qui s’était laissée convaincre par l’argumentaire d’un opérateur et avait changé de contrat pour l’ensemble de l’entreprise, ce qui entraînait un surcoût de 30 %. Au lieu de la sanctionner, nous avons lancé un contentieux contre l’opérateur. C’était inutile de la punir car, quand on a fait une fois une erreur de ce genre, on ne la refait plus pour le reste de sa vie ».

La qualité d’une transformation se mesure aussi au traitement qui sera réservé aux « objecteurs », c’est-à-dire à ceux qui ne souhaitent pas accéder à davantage d’autonomie pour diverses raisons (« droit de retrait », ou au moins écoute respectueuse de leurs réticences). L’appétence des salariés pour l’autonomie est variable et encourager l’autonomie ne revient pas à contraindre toutes les équipes à devenir autonomes en même temps.

En somme, la plupart des organisations tâtonnent pour adapter à leur manière les outils de gestion afin de susciter ou d’ancrer de nouvelles modalités de travail, avec quelques récurrences. Une souplesse se développe dans l’organisation des temps de présence et du télétravail, les plannings d’astreinte sont élaborés au niveau des équipes, le contrôle hiérarchique diminue au profit d’un contrôle par les procédures et par les pairs, de nombreuses dépenses peuvent être engagées sans autorisation préalable, des initiatives commerciales peuvent être déléguées à la base, les réunions suivent un formalisme encourageant l’expression des plus inhibés ou des moins gradés.

Les équipes ont plus de latitude pour recruter, l’évaluation fait la part belle au retour des pairs (360°). La mobilité horizontale est encouragée, qui permet d’accroître la polyvalence et les compétences des personnes sans progression hiérarchique, plus difficile dans une structure aplatie. La formation est largement proposée, y compris dans des domaines éloignés de la tâche exercée, comme les techniques de facilitation ou le développement personnel.

Reste à savoir maintenant comment les entreprises peuvent construire collectivement un projet partagé. Un sujet qui fera l’objet de notre prochain article sur The Conversation France.


 

La Fabrique de l’Industrie

Thierry Weil, Chaire Futurs de l'industrie et du travail (CERNA, I3, CNRS), Membre de l’Académie des technologies, Mines ParisTech et Anne-Sophie Dubey, Doctorante en sciences de gestion , Mines ParisTech

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

[Le 5 novembre 2021] Remise du Prix Maurice Allais de Science économique

Le professeur Allais à l'École des mines de Paris, en 1953.

 

La Fondation Maurice Allais vise, à travers ce prix, à favoriser le prolongement de l'œuvre du Prix Nobel d'économie, Maurice Allais, en aidant à orienter et à promouvoir la recherche en économie dans la direction qu’il a tracée et suivie durant toute sa vie :

  • application d’une véritable approche scientifique à l’analyse des questions économiques
  • et refus de toute démarche explicative fondée sur des a priori idéologiques ou conceptuels, quels qu’ils soient.

Ce Prix récompense des articles ou ouvrages scientifiques, en langue française ou anglaise, présentés par des candidats justifiant de la nationalité d’un État européen ou de leur résidence depuis cinq ans dans l’un de ces États.

Sur invitation

[Le 16 novembre 2021] Le Détail du monde – L’art perdu de la description de la nature

 

Romain Bertrand, historien, directeur de recherche au Centre d’études et de recherches internationales (CERI- Sciences Po), est l'invité du séminaire organisé collectivement par les doctorants du CSI Mines Paris PSL. Il participera à une discussion autour de son livre Le Détail du monde –  L'art perdu de la description de la nature.

Ouvert au public sur inscription.

Contacts : Carole-Anne Tisserand ou Abdoulaye Diaw

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Les nouveaux visages de MINES ParisTech

2 octobre 2018

Avec la rentrée des 3e année, le lundi 24 septembre, le cycle Ingénieurs civils a rassemblé l’ensemble de ses « troupes ». Voici les chiffres de la rentrée 2018 et les grandes tendances.

Plus nombreuse, plus féminine et plus internationale, la promo 2018, confirme les tendances du recrutement des élèves ingénieurs à MINES ParisTech.

Conformément aux nouvelles orientations de son Plan stratégique, MINES ParisTech poursuit l'augmentation progressive de ses promotions et de son recrutement d'élèves internationaux.

30% de jeunes filles en 1re année

En 1re année du cycle Ingénieurs civils, 124 étudiants ont fait leur rentrée le 3 septembre 2018 (ils étaient 120 en 2017) : 114 issus du concours commun Mines-Ponts et 10 élèves admis sur titres (AST) dont 3 élèves chinois de ParisTech Shanghai JiaoTong, 1 étudiant de la National University of Singapour et 6 en provenance d'universités françaises.

Avec près d'un tiers de jeunes filles (29,8% en 2018, contre 26,6% en 2017 et 23,5% en 2016), la nouvelle promotion donne une image plus équilibrée de la place des femmes dans les sciences de l'ingénieur. Cette promo compte également plus de 10% d’élèves étrangers (sans compter les doubles nationalités).

29 AST sont accueillis en 2e année, dont 4 étudiants d'HEC et 3 d'ESCP Europe et 22 étudiants internationaux, venus de Chine, du Liban, de Russie et d'Amérique du Sud. Par ailleurs, 4 élèves de MINES ParisTech entamment un double diplôme à l'international (2 à l'ESCP Europe hors de France, 1 au collège des ingénieurs à Turin et 1 en architecture à Milan). "C’est une première qui suscitera, nous le souhaitons, d’autre vocations", souligne Vincent Lafèche, directeur de l'École.

L'emballement des "césuriens"

La 2e année compte ainsi 157 élèves ingénieurs, dont 25,5 % de filles et 19,7 % d'étrangers.

À noter, la hausse spectaculaire de l'année de césure, en entreprise, à l'étranger. Cette possibilité est offerte aux étudiants entre la 2e et la 3e année du cycle. Ils seront 104 à en bénéficer en 2018-2019 (contre 88 en 2017-2018).

En 3e année, on compte 178 élèves (dont 15,5% d'étrangers et 27,5 % de filles), 50 AST (voie spécialisée) polytechniciens ou élèves de l'ESPCI et de l'ENS.

Une hausse maîtrisée des effectifs

Ainsi, le cycle Ingénieurs civils, au total, compte 609 élèves dont 87 étrangers de 23 nationalités différentes (15%) et 161 filles (26,2 %).

De 471 en 2015, les effectifs sont passés à 524 en 2016, puis à 591 en 2017 pour atteindre 609 en 2018.

> En savoir + sur le cycle Ingénieurs civils

 

 

 

[Le 23 septembre 2021] Poésie des pierres

Lecture musicale, le 23 septembre à la Bibliothèque, dans le cadre du Festival Raccords

Dans le cadre du Festival Raccords, organisé par les Editeurs associés, lecture musicale d'une nouvelle de Virginia Woolf, Objets massifs.

Cent ans après sa première publication, la nouvelle de Virginia Woolf, Objets massifs, est revisitée par les plasticiennes Anne Attali et Marie Van Roey.
Accueillie par la bibliothèque de l'École, la lecture du texte par la comédienne Alice Thillard, accompagnée au violoncelle par Jean-Pol Zanutel, entrera en résonance avec les photographies, dessins et collages tirés du livre, exposés à côté des minéraux du musée de Minéralogie.
(Exposition à voir jusqu'au 22 décembre).
Les pierres choisies seront présentées par la conservatrice du musée, Éloïse Gaillou.

A 19h : entrée libre / réservation obligatoire à contact@festival-raccords.com / 01 43 36 81 19

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[Le 30 septembre 2021] Scénarios d’une France « renouvelable »

La Chaire Modélisation prospective au service du développement durable, portée par le CMA Mines Paris –  PSL, poursuit son séminaire, sous forme de webinaires mensuels.

  • Il s'agit d'apporter un regard critique sur l’ensemble des questions liées à l’intégration d’énergies renouvelables en vue de décarboner le mix énergétique français d’ici la fin du siècle.
  • Une série de webinaires devrait permettre de donner des éléments de compréhension des hypothèses techniques, économiques et politiques des différentes études existantes en France.

Le septième webinaire se tiendra le jeudi 30 2021, de 10h à 12h.

> Au programme de cette 7e séance, les renouvelables à la lumière des externalités des dimensions incontournables d’un « développement soutenable » :

  • Limite physique des TICs ou quand l’immatériel devient matériel – Vincent MAZAURIC (SCHNEIDER ELECTRIC)
  • Limite physique des ressources matière pour le déploiement du renouvelable – Antoine BOUBAULT (BRGM)
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[Du 18 au 19 septembre 2021] Journées Européennes du Patrimoine 2021

L'École sera ouverte de 10h à 18h pour les Journées européennes du patrimoine.

À l'occasion des Journées du Patrimoine 2021, l'École des Mines de Paris vous invite à (re)découvrir ses "trésors cachés", le samedi 18 et le dimanche 19 septembre.

Réservez votre créneau horaire : réservations disponibles entre 10h et 16h45, pour une durée de visite d'une heure.

Visite libre, accès gratuit.

Contexte Covid : Passe sanitaire et port du masque obligatoires.

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[Du 15 septembre au 14 octobre 2021] Festival Musique aux Mines

6e édition du Festival Musique aux Mines. Concert d'ouverture, mercredi 15 septembre à Mines Paris PSL.

Cette 6e édition, organisée par l'association CRESCENDO-APJM, avec 8 concerts, dans 4 lieux (Mines Paris, Télécom Paris à Palaiseau, IRCAM et Lycée hôtelier Guillaume Tirel, confirme le positionnement du Festival à l'égard des nouvelles technologies (« carte blanche à Edgar Hemery », DG de la Start-Up « Embodme ») et invite à la découverte d’autres instruments rares…

Dates et lieux des concerts qui débutent à 19h :

  • Mercredi 15 septembre : « Récital de piano », Xavier Aymonod, Mines Paris, salle des Colonnes
  • Jeudi 16 septembre : « Die schöne Müllerin » de F. Schubert, Mines Paris, salle des Colonnes
  • Mardi 21 septembre :  Soirée « Musique russe », Mines Paris, salle des Colonnes
  • Mercredi 22 septembre : Dîner/Concert – Orchestre de Chambre Quartier Latin -, Lycée hôtelier Guillaume Tirel
  • Jeudi 23 septembre : Concert – Orchestre de Chambre Quartier Latin -, Télécom Paris, Palaiseau
  • Mardi 5 octobre : « Carte blanche à Edgar Hemery », Ircam, salle Stravinsky
  • Jeudi 7 octobre : Concert « cristal et percussions », Lycée hôtelier Guillaume Tirel
  • Jeudi 14 octobre : « Concert en trio », Mines Paris, salle des Colonnes

Tarifs : 15 € par concert, tarif réduit : 10 €, tarif étudiants PSL et IMT : 5 €
Détails et réservations sur le site www.apjm.fr – Rubrique "Festival 2021"

NB : certains concerts seront aussi retransmis en direct via la plate-forme Recithall
 

[Le 30 juin 2020] Présentation du Certificat Exécutif “Digital Native” 2020

MINES ParisTech | PSL lance une deuxième session du Certificat Exécutif “Digital Native”.

Ce programme est destiné aux femmes et aux hommes en situation de décision et d'influence dans le cadre de la transformation numérique de leur organisation.

Participez au webinar de présentation du Certificat Exécutif "Digital Native" développé par l'Institut des Hautes Etudes pour l'Innovation et l'Entrepreneuriat de MINES ParisTech | PSL! 
Venez échanger avec l'équipe pédagogique et  poser vos questions.

Au programme :

  •  16h50 : Accueil participants sur Zoom
  •  17h : Début de la présentation
  •  17h45 : Q&A

Information de connexion ZOOM :

Pour vous connecter par téléphone:
+ saisir le mot de passe de la réunion 350949 et terminer par #
+ si votre identifiant de participant est demandé, appuyez simplement sur #

> En savoir + sur ce programme  Contact : Cédric Barrier

> Découvrir les témoignages vidéo de :

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Le Rapport d’activité 2020 est en ligne

6 juillet 2021

MINES ParisTech, établissement-composante de l'Université PSL (Paris Sciences et Lettres), décline ses faits marquants 2020 et ses perspectives 2021 selon quatre grandes thématiques, selon les objectifs fixés par son plan stratégique  :

  • Promouvoir l'excellence scientifique
  • Accompagner l'ingénieur et le chercheur du futur
  • Rayonner au-delà de notre sphère
  • Se déployer pour relever les défis de demain

Pour le directeur général, Vincent Laflèche, « L'École s'inscrit dans une dynamique tout à fait passsionnante ; elle le doit à l'enthousiasme et l'excellence de ses étudiants et à la passion de l'ensemble de ses personnels et de ses enseignants-chercheurs. »

Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo, président du CA de MINES ParisTech, co-signataire de l'éditorial, souligne quant à lui, que : « Pour la première fois, les classement internationaux, dont celui dit "de Shanghai", nous classent dans les 50 meilleures universités mondiales. »

Le RA 2020 est à feuilleter ici.

> Télécharger le Rapport d'activité 2020