Oraux corrigés et commentés Physique-Chimie. Concours PSI – PSI*
Ce pavé (500 pages, un petit kg) est tout frais sorti des presses des éditions Ellipses. Son originalité ? Entièrement écrit par quatre étudiants, il a pour vocation d’accompagner les candidats aux concours des grandes écoles dans leur dernière ligne droite.
Jeanne Redaud, élève en 3A à MINES ParisTech, nous fait partager cette expérience et révèle certains aspects de sa vie d’étudiante aux Mines.
En cette période de confinement, alors que les écrits sont repoussés et les oraux annulés pour la session 2020, elle encourage vivement les futurs candidats.
Comment se lance t-on dans la rédaction d’un tel ouvrage ?
C'est la maison d'éditions (Ellipses) qui a contacté un de mes amis de prépa, Théodore Cherrière, étudiant à l'ENS, qui m’a vite convaincue d’y participer. L'idée était de faire un recueil d'exercices avec des sujets d'oraux uniquement, de vrais sujets récents de tous les concours, préparant spécifiquement à l'oral – ce qui n'existait pas en physique.
On peut imaginer que l’éditeur a fait appel à des étudiants afin d'avoir des remarques et des conseils plus proches des élèves, mais aussi, plus vraisemblablement, parce que c’est peu attractif pour un professeur… Quoi qu’il en soit, le projet nous a séduit. Il a démarré fin mai. J’étais alors en césure au Japon et j'ai suivi les premiers mois à distance. J'ai rattrapé le retard (on devait écrire 100 pages chacun environ) en mettant les bouchées double à mon retour.
Quelle partie avez-vous rédigée et qu'avez-vous appris ?
Je me suis principalement concentrée sur les exercices de chimie et de physique des ondes et d'électromagnétisme, car c'est un domaine que j'aime bien, et sur des sujets type CCP (Concours communs polytechniques) et CentraleSupélec. J'avais donné des oraux de physique blanc, l'année précédente en PSI*, et j’ai pu réutiliser certains exercices, en les adaptant pour tenir compte de leur réception par les élèves.
J'ai été impressionnée par la manière dont on s'est organisé, sur la répartition des banques d'examens et des thématiques. J'ai beaucoup progressé en rédaction sous Latex. J'ai pris conscience que la plus longue partie est de rédiger un corrigé clair et détaillé. C'était aussi un travail de groupe pas évident, car nous étions à distance, et pas toujours la même façon de voir les choses, ce qui posait parfois problème pour avoir un rendu harmonieux.
Parlez-nous de votre césure à Tokyo…
J’y suis restée 6 mois, de mars à août 2019, et j’ai fait de la R&D chez Valeo. J'ai toujours été attirée par le secteur automobile, et Valeo représentait pour moi l’innovation (véhicules autonomes). Mon mentor(*) travaillait à Valeo Paris, c'est grâce à lui que j'ai rencontré les bons contacts qui m'ont permis de partir. J’ai travaillé sur la mise en place du "software in the loop", outil numérique de validation de la partie de la caméra à l'avant du véhicule, qui fait la reconnaissance d'images. L'idée est de resimuler de manière automatique avec des centaines de milliers de vidéos enregistrées partout dans le monde, pour vérifier, avant la mise en production de la caméra, qu'il n'y a pas de défauts risquant de mettre l'usager en danger.
J'ai commencé le japonais en arrivant aux Mines, croyant, un peu naïvement, que j'aurai plus de temps libre une fois sortie de prépa… J'étais contente d'apprendre une nouvelle langue et j'ai toujours été attirée par l'Asie. Je suis tombée amoureuse du Japon à la fin de ma première année (juillet 2017), lors d'un séjour d'un mois dans une famille, organisé par notre professeure de MINES ParisTech – PSL.
J'ai beaucoup aimé la vie au Japon, et la stimulation de travailler sur un aussi gros projet où beaucoup reste à faire. J'ai eu l'occasion de travailler avec les équipes de Prague et d'Allemagne, et j'ai fait beaucoup de belles rencontres sur place.
Aujourd'hui, comment se passe votre confinement ?
Plutôt bien. J'ai quitté la Maison des mines deux semaines avant la fin de mon préavis. Difficile de mettre fin à 3 années de vie dans le Quartier latin aussi brutalement !
Je suis retournée à Bourges, ma ville natale. Comme le jardin n’est pas entretenu depuis longtemps, je me suis bien occupée ce premier mois à l’entretenir et à faire toutes les choses que je n'avais pas le temps de faire. Mon stage de fin d'études (recherche en deep learning à Renault) a été annulé, j'ai consacré pas mal de temps à rechercher un nouveau stage… Pas évident dans ce contexte, mais, si tout se passe bien, je devrais commencer prochainement.
Quels sont vos souhaits quant à votre futur métier ?
Je n'ai qu'une certitude : garder une forte composante technique dans mon métier. Dans l'industrie, je me verrais plus avec une carrière d'expert que de manager. Je m'intéresse beaucoup au domaine automobile et, comme je suis dans l'option Ingénierie digitale des systèmes complexes, qui nous a introduit le deep learning, pourquoi ne pas travailler dans les véhicules autonomes ? J'ai déjà des opportunités pour retourner chez Valeo, au Japon. Je me pose aussi la question de la thèse, éventuellement de l'enseignement ensuite.
J'ai aussi beaucoup aimé la propriété industrielle, qui était le domaine de mon premier stage de césure, donc pour le moment beaucoup de portes restent ouvertes.
Les « taupins » vont bientôt passer les concours… Un souvenir de cette époque à partager ? Un conseil à leur donner ?
Cela peut paraître étrange, mais je me souviens des écrits comme de la plus belle période de ma prépa : la lumière au bout du tunnel, on arrive enfin prêts, avec l'impression qu'on maîtrise tout. Trois semaines très intenses, et après un vrai break, avant de reprendre la préparation des oraux, mais de manière plus sereine, puisqu'on ne fait que réutiliser des acquis.
On sait maintenant que les oraux n'auront pas lieu, ce qui est dommage pour tous ces candidtas qui se préparent depuis deux ou trois ans. Je leur souhaite bien du courage ! Comme les concours ont été repoussés, il faut surtout qu'ils gardent de l'énergie pour la dernière ligne droite, ce qui n'est pas évident.
(*) À MINES ParisTech, le mentorat consiste à mettre en relation les élèves de 1re année avec de jeunes anciens, désireux de les aider à définir leur projet professionnel.
> En savoir plus : le cycle Ingénieur civil de MINES ParisTech
la présentation de l'ouvrage par l'éditeur