Lumière sur l’ingénieur André Rabut [Commémoration du 11 novembre]

11 novembre 2024

En ce 11 novembre, jour anniversaire de l’armistice de 1918, Mines Paris – PSL commémore le souvenir des 111 élèves, anciens élèves et membres du personnel décédés lors de la Première Guerre mondiale.

Au-delà des noms, chacun d’entre eux constituait une figure originale. L’École vous propose aujourd’hui le portrait de l’un d’entre eux : André Rabut (1883-1915).

André Rabut, extrait de la photographie de la promotion 1905, Archives Mines Paris-PSL.

Un élève apprécié de ses camarades : Fils de Charles Rabut, ingénieur des Ponts-et-Chaussées et membre de l’Institut, André Rabut entre à l’École dans la promotion 1905 des ingénieurs civils où il se maintient durant toutes ses études à la 4e place sur 38 élèves, obtenant ses meilleurs résultats en électricité industrielle. A sa sortie de l’École, ses camarades lui témoignent leur affection en l’élisant comme délégué au sein de l’Association amicale des anciens élèves (aujourd’hui Mines Paris Alumni) où il participe à la création d’un groupe régional pour le Midi.

Ingénieur et chercheur : Après son diplôme, il entre à la Compagnie des Mines de la Grand ’Combe. D’un tempérament curieux, il mène des recherches et publie notamment sur les dégagements instantanés de grisou (1909) tout en proposant des innovations par ailleurs sur les crochets d’attaches des berlines (1913). Dans un ouvrage posthume préfacé par Henry Le Chatelier, il rassemble « Quelques idées américaines modernes sur la formation des ingénieurs » issues des « allocutions aux futurs ingénieurs » de MM Waddel et Harrington (1915) dans lesquelles sont mises en avant tout l’intérêt pour les ingénieurs, d’une instruction générale et non pas uniquement pratique.  

Au front : Affecté au 136e  régiment territorial à Marseille, il obtient d’être envoyé au front comme sous-lieutenant au 94e régiment de ligne. Une balle lui traverse la poitrine le 29 janvier 1915 à 31 ans, au bois de la Gruerie (Marne), lieu d’intense combats, connu dans la mémoire des Poilus comme le “bois de la tuerie ».  Une nécropole nationale inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité   y rassemble les dépouilles de plus de 10 000 soldats. André Rabut y repose aujourd’hui dans la tombe n°3773.

Bleuet de France

L’École des mines durant la Première Guerre mondiale : au cours du conflit, l’École, dont les cours cessent de 1914 à 1917, participe à l’effort de guerre. Elle abrite dans ses locaux le service central de la trésorerie et de la Poste aux armées et ses laboratoires réalisent des analyses pour la Défense Nationale. Sa façade conserve encore aujourd’hui les traces d’un bombardement aérien de janvier 1918 auxquelles s’ajouteront en 1944 celles des combats de la Libération.

 

L’établissement se voit décerner le 13 juin1926 la Croix de guerre,  remise par le maréchal Foch dans la toute nouvelle salle de lecture de la bibliothèque avec la citation suivante : « l’École nationale supérieure des mines a fourni au cours de la grande guerre une élite d’officiers de complément, spécialement instruits pour l’artillerie, dont la science étendue, le généreux esprit de sacrifice et le noble dévouement ont grandement contribué au triomphe de la France » (J.O du 11 octobre 1925).

Pour en savoir plus : Exposition sur l’École des mines de Paris et la guerre 1914-1918.

 

Illustrations :

Monument aux Morts de l’École des Mines de Paris

 

Schéma du « crochet Rabut » destiné à empêcher que les berlines utilisées dans les mines ne se détachent spontanément. Société de l’Industrie Minérale, Comptes rendus mensuels, février 1913.

 

Couverture de l’ouvrage Quelques idées américaines modernes sur la formation des ingénieurs, d’après les « Allocutions aux futurs ingénieurs » éditées par MM. Waddell et Harrington, 1915

 

Raid de gothas [bombardiers allemands], 31 janvier 1918, photographie de presse, agence Rol, 1918, accessible sur Gallica, BNF.

 

Photographie de la remise de la Croix de la 1ère guerre mondiale à l’École en 1925, Archives Mines Paris – PSL